A bord
Avez-vous remarqué que l'on monte désormais "à bord" des trains ? On nous le dit dans le micro : "Bienvenue à bord du TGV (...)"; "Pour le bon déroulement de votre séjour à bord (...)". Et qui est-ce qui s'adresse à nous de cette façon ? C'est le "chef de bord", bien sûr !
Ce vocabulaire est emprunté à l'aviation, qui depuis fort longtemps l'a elle-même emprunté à la marine. Voyons le TLF : depuis 1121 au moins, le mot "bord" désigne chacun des côtés d'un bateau. D'où "babord" et "tribord", le côté gauche et le côté droit. Pour embarquer il faut monter "à bord", c'est-à-dire enjamber le côté.
Apparemment, les inventeurs ou les premiers promoteurs du voyage en avion ont jugé poétique de reprendre ce terme à leur compte, faisant de leurs engins des navires voguant dans les airs. Et le train à son tour, depuis le développement du TGV qui, comme on sait, fait concurrence à l'aviation grâce à sa vitesse, a un "bord". Ce choix lexical de la SNCF est justement fait pour suggérer que le train vaut l'aéroplane tellement il va vite. Il apporte aussi avec lui, me semble-t-il, tout un imaginaire de luxe et d'enfermement capitonné (il y a bien longtemps qu'on ne peut plus ouvrir une fenêtre dans le train). En faisant Paris-Lille ou Lyon-Marseille, on quitte la réalité.
Hisse et ho !